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L'autre Sainte-Marie est Ardéchoise ! 

Une Ardéchoise, Marie Rivier, 244 ans après sa naissance, revient sous les feux de l’actualité.

Marie Rivier est née en 1768 à Montpezat-sous-Bauzon où ses parents tenaient une auberge. Elle tombe du haut de son lit à l’âge de seize mois en 1770. Elle se blesse fortement si bien qu’en grandissant, elle ne peut pas marcher. Comme sa maman est très croyante, elle dépose tous les jours l’enfant devant une Piéta dans la chapelle voisine aujourd’hui disparue qui était dédiée à Notre-Dame-de-Pitié, sur l’actuelle place de la mairie. La petite promet alors que si elle guérit, elle consacrera sa vie à faire l’école aux enfants (rappelons qu’à l’époque, comme les écoles n’étaient pas obligatoires, elles étaient très rares). Or quatre ans plus tard, en 1774, le lendemain du décès de son père à 36 ans, elle retrouve l’usage de ses jambes, le jour de la Nativité de la Vierge ! 
Marie rend à Marie ses jambes ! Tout le monde à l’époque interprète cette guérison comme un miracle. Badaboum : nouvelle chute en 1777 à l’âge de neuf ans : cette fois-ci, elle se fracture une jambe en tombant dans un escalier. La maman enduit la partie endommagée avec une huile venant de Notre-Dame-de-Pradelles en Haute-Loire. Deux semaines plus tard, le jour de l’Assomption, la jambe est complètement guérie. Et de nouveau, tout le monde y voit un miracle et à chaque fois, la guérison se produit un jour où est fêtée la vierge. Cependant, peut-être à cause des deux accidents, la petite restera toujours petite et ne dépassera jamais la taille de 1,32 mètre. En 1787, pour respecter sa promesse, après avoir reçu une formation d’institutrice dans la ville d’où venait l’huile guérisseuse, elle ouvre une école pour jeunes filles dans sa ville natale ainsi qu’un « petit couvent » pour évangéliser les jeunes filles de la commune.

Mais la période est de nouveau compliquée pour elle. Pendant la Révolution, l’église de Montpezat est devenue une grange et la chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié une salle de réunion. De plus, la maman de Marie décède en 1793. Un an plus tard, elle a 25 ans à la fin de la Terreur : l’autorité révolutionnaire ordonne la vente de la maison qui abrite l’école. Elle part alors dans la vallée voisine, à Thueyts, où elle crée un couvent au moment où tous les autres ferment. C’est là qu’elle fonde la congrégation le 21 novembre 1796, le jour de l’année où est fêtée la Présentation de Marie au Temple (pour les puristes, le récit est raconté dans le Protévangile de Jacques). En 1801, c’est donc la Congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie, appelée aussi les Présentines, qui est officiellement reconnu par les autorités religieuses. Le souverain pontife envoie même sa bénédiction. Les novices doivent suivre trois règles : l’humilité, la simplicité et le zèle. Vingt-trois nouvelles écoles ouvrent en Ardèche entre 1805 et 1808 ainsi qu’un orphelinat pour jeunes filles en 1814. La maison de Thueyts devenant trop petite et le couvent de visitandines de Bourg-Saint-Andéol ayant été déserté depuis la Révolution, il est racheté par la
communauté de Thueyts qui y déménage en 1819. Il faut attendre 1830 pour que le roi Charles X reconnaisse légalement la congrégation. À la mort de Marie en 1838, 141 maisons avaient été créées recevant 350 soeurs. Puis à partir du milieu du XIXe siècle, le groupe s’étend sur d’autres continents, d’abord en Amérique du Nord (entre autres le couvent de Saint-Ours au Québec… quelle drôle d’idée d’appeler son fils « Ours ») puis en Asie et en Afrique. La maison-mère est toujours à Bourg-Saint-Andéol, mais la supérieure à la tête de la communauté réside maintenant près de Rome à Castel Gandolfo.

Aujourd’hui, en plus de l'enseignement, les soeurs de la Présentation de Marie se consacrent de plus en plus à des activités sociales, notamment la promotion de la femme et la protection de l'enfance. Elles sont aujourd’hui 783 implantées dans vingt pays, en Suisse, au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie, au Portugal, au Mozambique, au Japon, aux Philippines, au Sénégal, en Gambie, en Irlande, au Pérou, au Brésil, au Cameroun, en Équateur, au Burkina Faso, en Indonésie et bien sûr en France où elles ne sont que 75, c’est-à-dire moins de 10 % de l’ensemble.
En 1833, le pape Pie X déclare Marie Rivier « vénérable ». Puis en 1982, Jean-Paul II la béatifie, si bien qu’elle devient une « bienheureuse ». Dernière étape, le 13 décembre 2021, le Vatican annonce qu’elle sera bientôt canonisée, ce qui en
fera une Sainte, car un miracle lui est attribué. Il aurait eu lieu grâce à son intermédiaire (terme savant : l’intercession) en 2015 aux Philippines. Il concerne la guérison d’une nouveau-née souffrant d’un « hydrops embryo-foetal généralisé précoce non immunologique », maladie rare qui entraine un retard de croissance et de développement neurologique. Pour le moment, aucun détail supplémentaire n’a été donné.

Marie Rivier ne sera pas la première femme née en Ardèche à devenir sainte. Thérèse Couderc l’est devenue en 1970. Venue au monde en 1805 à Sablière, elle a fondé la congrégation des Soeurs de Notre-Dame du Cénacle à Lalouvesc. Puisqu’elles ont 37 ans d’écart, les deux femmes auraient même pu se rencontrer…Canoniser vient du bas latin « canon ». Marie Rivier va donc devenir à 154 ans la seconde femme la plus canon d’Ardèche !

Benoît Pastisson

Maison natale : rue Victor Hugo, 07560 Montpezat-sous-Bauzon
Premier couvent : 2, rue Haute, 07330 - Thueyts
Congrégation des soeurs de la Présentation de Marie : 38 avenue Notre-Dame, 07700 Bourg Saint Andéol.