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L'Ardèche semble plaire à Bouddha !

Plusieurs temples bouddhiques sont installés en Ardèche, notamment un à côté de Saint-Agrève, un autre près de Tournon, un troisième à Colombier-le-Cardinal et un quatrième à Nonières.

Le monastère Bodhinyanarama respecte la tradition des moines de la forêt telle qu’on la pratique au Laos ou en Thaïlande. Créé le 7 juillet 1977, il perpétue une longue lignée de religieux vivant dans les jungles d’Asie, dont l’origine vient d’un des premiers disciples du Bouddha, MahaKaspa. Le « Vénérable » à la tête du lieu, Phra Visuddhinyanathera, assure la pérennité et la direction spirituelle du monastère installé sur la commune de Tournon où il y délivre l’Enseignement du Bouddha. Le slogan du lieu est quelque peu alambiqué : « l’important n’est pas l’intention, mais l’attention que l’on porte à notre intention ».

La journée commence par des prières, elle continue par un travail en commun, l’après-midi est réservé à la méditation et le soir de nouveau à des prières. Le monastère représente la tradition des moines de la forêt telle que l’on peut la trouver en Asie de Sud-Est. Les adeptes doivent « pratiquer l’adaptation en conscience ». Les personnes qui viennent en retraite au monastère doivent garder le silence. Ne pas parler avec les autres méditants permet d’accéder plus vite au silence intérieur. La nourriture proposée « est propice à la méditation, à condition d’avoir un minimum de maîtrise de soi-même ». Des rituels doivent être respectés, par exemple en entrant dans le temple, il faut se prosterner trois fois devant Bouddha et ne pas pointer les pieds vers la statue ou vers le Vénérable.

Quant à la Demeure sans limites, elle est tenue par Joshin Sensei qui a passé plusieurs années au temple de montagne de Zuigakuin au Japon. Elle y a été ordonnée en 1986, et a reçu « le sceau de la Transmission » en 1990. En 1991, à la demande de son maître, elle a fondé un monastère près d’Annonay. On y étudie les enseignements du Bouddha tels qu’ils ont été transmis dans la tradition des temples bouddhistes zen au Japon. Ici aussi, le silence et la méditation se pratiquent entre forêts et prairies. L’harmonie se construit en respectant un horaire quotidien. Les participants ont des plages de « marches méditatives, de travail communautaire, de lecture, d’étude et d’enseignements du Dharma ». Les repas sont
pris en silence, de façon traditionnelle dans des bols. Le programme de la journée qui commence vers 5 heures est très poétique : une prière à l’aube quand s’élèvent les premiers chants d’oiseaux puis un retour au silence, ensuite l’écoute du murmure des pins et des courses des chevreuils. La nuit, il faut se laisser bercer par « la clarté de la lune, et parfois, par le chant des gouttes d’eau sur le toit ». Les participants sont installés dans des cabanes avec une lampe rechargeable, car l’électricité est absente ; pas d’eau non plus, mais seulement des toilettes sèches. La douche se prend au monastère. La demeure sans limites permet d’accéder à « l’esprit Vaste ».

Le temple Kan Jizaï trouve ses racines en Chine et au Japon. Les membres se consacrent au bouddhisme zen soto en organisant des sessions de pratique. Gérard Chinrei Pilet, l’instigateur de la branche ardéchoise, enseigne le dharma. Il a été membre du conseil d’administration de l’Union Bouddhiste de France pendant une quinzaine d’années. Depuis septembre 2010, il est responsable des enseignements au dojo zen d’Annonay. En 2017, l'association Kan Jizaï ouvre le temple Sendan Zen Ji dans la commune de Colombier-le-Cardinal à sept kilomètres au nord-est d’Annonay. Le regard sur le monde des membres s’appuie sur la sagesse : « la nature de bouddha présente en chacun est souvent comparée à une graine. Dans cette perspective, on peut comparer le maître au jardinier qui, conscient de l’immense richesse contenue dans la graine, veille par ses soins à son développement. ». Le groupe ajoute : « du point de vue ultime, notre potentiel le plus élevé n’est rien d’autre que notre véritable nature ».

La devise de la communauté parait ici aussi complexe : « étudier la Voie, c'est s'étudier soimême, s'étudier soi-même, c'est s'oublier soi-même, s'oublier soi-même, c'est être en unité avec toutes les existences ». 

Le temple bouddhique Kagyu de Nonières n’est ni chinois, ni japonais, ni thaïlandais, ni laotien mais tibétain. Il a été créé avec la bénédiction du Vénérable Lama Teunsang. Il est animé par Djinpa, spécialisé dans les pratiques de la lignée du bouddhisme tibétain. Le rituel s’effectue en français ou en tibétain. Il est précisé que pour faire un stage, « il faut avoir pris refuge et avoir commencé les Préliminaires ». La devise du temple « Méditez sur la compassion, sur la bienveillance, et tout viendra à se calmer naturellement » peut laisser dubitatif, mais le doute n’est-il pas le meilleur moyen d’accéder au recueillement ?

« Vénérable » (deux fois), « Vaste », « Voie » : le V majuscule réunit les quatre communautés.
Mais s’agit-il du V de la Vertu, de la Vérité ou de la Victoire ?

Benoît Pastisson