Une mofette n'est pas un animal à grande queue, pourtant....

Le département cache un endroit particulièrement dangereux : une grotte laissant échapper du gaz carbonique !

Bien que sur la commune de Meyras, Neyrac se trouve sur l’autre flanc de la rivière Ardèche. La très grande place centrale et circulaire correspond au cratère d’un volcan. Cela explique la présence de thermes depuis l’antiquité qui à l’époque était réputés pour soigner la lèpre. Ils se sont considérablement développés depuis le XXe siècle. Le site des thermes actuels indique que la source d’eau chaude est réputée pour augmenter la souplesse articulaire, combattre les contractures, diminuer la prise de médicaments antalgiques et anti-inflammatoires dans les rhumatismes chroniques ». Les vertus de l’eau permettent également « de stopper l’inflammation et les démangeaisons, de prolonger la rémission dans l’eczéma et le psoriasis ».
Sur l’autre flanc de la grande place se trouve une spécificité : une mofette. Il en existait plusieurs à Neyrac mais actuellement, il n'en reste qu'une. Elle sort par une fissure qui jaillit des profondeurs. À son extrémité supérieure, elle fait penser à l’entrée d’une grotte. Des gaz toxiques s’en échappent (dioxyde de carbone, diazote ou méthane) qui entrainent la mort. À ne pas confondre avec les fumerolles qui rejettent du soufre.

Avant 1945, il était facile d’entrer dans la grotte. Une inscription peinte existait sur la cavité : « Mofette ou chemin de la mort ». Les gros animaux ne s'en approchaient pas mais les petits s'intoxiquaient et il n'était pas rare de ramasser devant l'entrée des oiseaux morts. Les paysans utilisaient cette grotte pour désinfecter leurs matelas et leurs sommiers, car les gaz tuaient punaises et mites ! Il paraît même que la volaille servie au grand hôtel de Neyrac était asphyxiée en une minute sans éprouver de convulsions.

Au XXe siècle, un pharmacien d’Aubenas, Alfred Chauvin, racontait : « Un chien du village me connaissant me suivait quand j'étais à Neyrac. Un jour, j'allais entrer dans la mofette et le chien resta à sept mètres de l'entrée. J'appelais le chien pour qu'il me suive mais il refusa d'avancer, puis s'agitant, il finit par s'approcher mais se retourna vivement. Il éternua, se roula longuement sur le sol. Quelques jours plus tard, repassant devant la mofette et m'en approchant, je sentis le chien me tirer de toutes ses forces pour m'éloigner de la mofette. Le chien avait gardé le souvenir du gaz carbonique... »

Les mofettes sont excessivement rares. Il en existe seulement deux autres en Europe, la grotte du chien de Pouzzoles près de Naples et la grotte de Royat près de Clermont-Ferrand. Deux autres, une se situant à Java et l’autre dans le Parc Naturel de Yellowstone aux Etats-Unis, sont non-couvertes.

Une mofette ne doit pas être confondue avec un petit mammifère, la moufette. Pourtant les deux ont un point commun : l’étymologie. Les deux noms viennent du latin mephitis, « exhalation pestilentielle ». Le gaz de la mofette peut sentir très mauvais, quant à l’animal, il se défend en lançant à plusieurs mètres un liquide qui pue très fort. D’ailleurs, la moufette se confond souvent avec son cousin le putois.

Benoit Pastisson