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Les Dolmens en Ardèche

Les dolmens ardéchois sont disséminés sur tout son relief. Une main surnaturelle semble les avoir répandus avec générosité dans un geste ample et circulaire. Ils sont 900. On attribue souvent à la Bretagne et plus particulièrement au Finistère et au Morbihan la concentration la plus importante de dolmens en France. En vérité l’Aveyron puis l’Ardèche les devancent de plus d’une centaine chacun. Mais il serait maladroit de tenter de se différencier ou de se mettre en concurrence sur un thème qui justement ne peut que rapprocher les régions. De même, il est communément admis que leur construction remonterait aux Gaulois, alors que les premiers dolmens sont apparus vers 5500 ans avant que Vercingétorix ne fasse la une de l’actualité.

Pour un touriste, un dolmen n’est souvent qu’une curiosité, une architecture basique, une construction anachronique dont il gardera le souvenir sur son portable. Mais pour la plupart des visiteurs, un dolmen s’impose avant tout comme une interrogation. Et l’Ardèche justement avec ses nombreux sites ne cesse de nous inviter à nous interroger. Tous ces monuments de pierres racontent une histoire qui enjambe les millénaires. Ils sont autant de témoignages et d’indices de ce que pouvait être la vie au quotidien.

Un dolmen est une chambre funéraire. Ce n’est pas encore une tombe individuelle, cela viendra 3 millénaires plus tard, de même que les incinérations n’apparaitront que vers l’an -1200. Dès lors, passer devant un dolmen revient à visiter un caveau, non pas celui d’une simple famille, mais parfois de tout un village. Et c’est là que l’Ardèche se distingue par rapport aux autres régions, la densité exceptionnelle de ses dolmens sur un espace donné est unique.

La commune de Labeaume, par exemple, avec ses 140 dolmens répertoriés sur son plateau s’impose comme la plus importante concentration, non pas seulement en France ni même en Europe, mais sans doute dans le monde entier. Pour cheminer à travers ce patrimoine insolite, des parcours pédestres ont été aménagés, balisés et dotés de panneaux d’interprétation. Chaque sentier visite non seulement des dolmens mais il permet de découvrir le patrimoine local, comme les terrasses agricoles, les constructions en pierres sèches ou les sites naturels. Une passerelle panoramique a même été érigée sur une des routes reliant ces sentiers.

Ces sépultures collectives étaient réalisées à partir de trois dalles de pierre qui en constituaient les montants soutenant une table de couverture. Les corps étaient ainsi déposés sur le sol. Chaque nouveau défunt recouvrait le précédent. Certains dolmens en ont recueilli plus de cent. Parfois des objets pouvaient les accompagner, témoignages d’une intention rituelle.

L’Ardèche a pris pleinement conscience de l’importance de son patrimoine exceptionnel. Des associations, des conférences et des visites guidées concrétisent et dynamisent cet engouement. De même que des chantiers de restauration réhabilitent ce que le temps commençait à gommer de nos paysages. Des itinéraires habilement dessinés nous entrainent désormais dans une immersion fascinante au cœur du néolithique. C’était l’époque où les hommes cessaient leur vie de nomades ; les chasseurs-cueilleurs devenant des cultivateurs/éleveurs. Les habitats fixes faisaient leur apparition. C’est cette longue et extraordinaire histoire ancrée au fond des millénaires que tentent de nous raconter les centaines de dolmens ardéchois, à condition bien sûr de savoir leur accorder toute notre attention.

Jean-Marie Bayle

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