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Grottes d'Ardèche : Origines, découverte et visite

Sous la quiétude des paysages de l’Ardèche se répandent des centaines de kilomètres de galeries.
Quelle est leur origine ? Qui sont les visiteurs ?

Au début il y avait la mer. L’Ardèche était sous l’eau.
Seul le relief du Massif Central émergeait. C’était il y a 125 millions d’années. Cette mer n’avait pas vocation de monter, au contraire, elle a fini par se retirer. Elle laissa derrière elle comme témoignage de sa présence un massif sous-marin de 300 mètres d’épaisseur. Une accumulation de débris, de coraux et de végétaux, une épaisse couche de calcaire. C’est alors que débuta l’étonnante histoire des grottes de l’Ardèche.

Il aura fallu encore du temps, beaucoup de temps, pour que cette roche calcaire livrée à l’air libre et malmenée pas les mouvements de la Terre finisse par se fissurer. Au contact de ce sol fragilisé l’eau de pluie se chargeant en gaz carbonique  commença alors à la dissoudre. Ce sont d’abord des trous, puis de timides cavités qui s’émancipent en longues galeries.
Parfois des avens se forment, ailleurs de larges boyaux plongent dans les entrailles de la Terre. Désormais un véritable réseau souterrain s’active dans les profondeurs du sol ardéchois à l’image de la grotte de Saint-Marcel. Située à l’entrée des
gorges de l’Ardèche, sur la commune de Bidon, elle s’étire sur près de cinquante-huit kilomètres, n’hésitant pas à forer son chemin sur plusieurs niveaux. Ses parois lacérées par des courants sans doute démentiels s’élargissent par endroit en de
larges tunnels. Les scientifiques s’y succèdent avec patience et prudence pour en restituer la longue et fascinante histoire.

Cet univers souterrain a toujours attiré les hommes. Les cavernes leur ont d’abord servi de refuge pour se soustraire aux agressions de la nature. Aujourd’hui, ce sont des centaines de spéléologues, professionnels, sportifs ou simples
visiteurs qui chaque année se glissent dans l’ambiance sombre et mystérieuse de tous ces boyaux. Si leur motivation diffère, leur fascination est largement partagée. Pour les uns le développement des matériels et des techniques permet
l’exploration de cavités de plus en plus complexes, pour les autres des tronçons ont été aménagés pour des visites touristiques.

On dénombre approximativement trois mille cavités en Ardèche, essentiellement situées au sud du département. Mais selon Jodicael Arnaud du comité départemental spéléologie, seule une centaine est régulièrement visitée. Curieusement
leur fréquentation reste globalement stable, un millier de personnes par an, avec néanmoins un léger frémissement positif après la période des confinements. Que vont donc chercher tous ces nouveaux adeptes au fond de ces réseaux de
galeries les éloignant de l’ambiance estivale ? Pour Jodicael, si la quête d’aventures et d’engagement sportif ne fait le plus souvent aucun doute, il y a d’autres motivations pour pratiquer la spéléologie. La découverte d’un nouvel environnement,
l’observation d’écosystèmes spécifiques, surprendre une rivière émerger d’un paquet d’obscurité, et surtout prendre conscience d’un patrimoine souterrain inestimable, voilà autant de bonnes raisons pour se glisser dans l’univers mystérieux et
fascinant des grottes de l’Ardèche.

Chaque expérience comme chaque découverte est toujours une rencontre avec soi-même. Le monde souterrain est suffisamment riche d’étrangetés architecturales et d’ambiances acoustiques ou esthétiques insolites pour stimuler la conscience comme l’imaginaire de celui qui s’y engage.
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Jean-Marie Bayle