L'Ardèche et ses villages de caractère
« Le caractère d'un homme fait son destin », cet aphorisme de Démocrite trouve son écho dans les 21 « villages de caractère » de l'Ardèche. Après des mois de pandémie, les représentants de ces communes, pour moitié nouvellement élus en 2020, se sont retrouvés justement pour reprendre en main leur destin à travers de nouvelles initiatives et des projets innovants.
Le Château de Banne était leur hôte, tous les invités étaient fiers de représenter des communes labélisées* pour un ordre du jour qui impactait à la fois un état des lieux et de nouvelles perspectives.
Si chacune de ces communes s'efforce d'appliquer avec rigueur la Charte des "Villages de caractère", essentiellement basée sur leur patrimoine naturel et architectural, leur application diffère sensiblement de l'une à l'autre. C'était l'un des enjeux de cette réunion. Faire en sorte d'en harmoniser la réalisation. Cette nécessité, voire cette mission, est supervisée par l'Agence de Développement Touristique du Département.
Ces 21 villages ont en commun un site ancré dans l'Histoire. Certains entretiennent le témoignage de la présence de la Rome antique, quand d'autres, blottis autour d'une église romane ou s'émancipant au pied d'une fortification médiévale préservent avec élégance leur passé féodal. Mais pour certains, au destin plus tragique, le temps a lacéré les vestiges de leur histoire, quand ce ne sont pas les ambitions contradictoires des hommes à l'origine de leur destruction. Ne restent souvent que des ruines meurtries et pathétiques, fascinantes et mystérieuses, mais toujours fières, dont chaque pierre a une histoire essentielle à raconter.
Mais pour ces villages il ne s'agit pas de réécrire l'Histoire pour la rendre plus séduisante. Ils savent la raconter avec rigueur et clarté. Ils savent surtout que leurs visiteurs ne sont pas seulement des archéologues avertis ou des esthètes exaltés, des photographes en quête d'inspiration ou des historiens passionnés, pour séduire les visiteurs ; l'accueil comme la qualité du site et son environnement sont essentiels. L'enjeu est bien là. C'est toute une culture locale qui doit être proposée. Elle s'étend souvent bien au-delà de la seule commune. La région doit être impactée.
Ce jour-là, dans le château de Banne, les débats se sont en partie cristallisés autour du devenir et de l'application de cette charte en passe d'être rénovée. Des pistes ont été évoquées. L'écologie est apparue. Voilà un mot encore trop galvaudé pour une finalité nécessairement mal définie. Il était flagrant que chez tous les participants un état d'esprit se manifestait. Le collectif est efficient. L'entente indispensable. Les idées des uns devant inspirer les réalisations des autres. Tous ont bien compris que l'attractivité de leur village passait par une mobilisation de tous leurs moyens. Soutenir l'artisanat de la région comme les métiers d'art, aider les associations, favoriser l'accueil des cyclistes de plus en plus nombreux, développer le maillage des voies douces entre les communes, voilà quelques-unes des orientations qui ne pourront que bonifier la vocation de ces 21 communes et donner sa plénitude à la démarche "Village de caractère".
C'était donc la première réunion depuis de nombreux mois. Entre-temps le Covid-19 était devenu le maître des horloges avant que le calendrier politique ne propose une redistribution des cartes. Cette période de turbulence ne devrait pas véritablement affecter les villages de caractère si on s'en réfère à Goethe qui écrivait que « le caractère se forme dans le tumulte du monde ».
Jean-Marie Bayle
* cf critères d'éligibilité en encadré dans la photothèque
Galerie de photos
