Les projets de la Fondation du Patrimoine en Ardèche en 2022
Les deux missions de la Fondation du patrimoine sont, d’une part, un accompagnement des porteurs de projet public ou privé, dans une restauration de parfaite qualité, respectueuse du bâti et, d’autre part, une assistance financière.
Ces projets ardéchois, décrits sur le site de la Fondation du patrimoine (www.fondation-patrimoine.org), se trouvent sur les communes suivantes :
Alissas (terrasses), Banne (château), Boucieu-le-Roi (locomotive à vapeur bicabine 31), Burzet (tour de l’horloge), Chassiers (chapelle Saint-Benoit), Chirols (éco-rénovation d’un moulinage), Chomérac (chapelle Saint-Sernin), Fabras (intérieur de l’église), Labastide-sur-Besorgues (calade), Le Béage (chartreuse de Bonnefoy), Le Teil (église de Mélas), Meyras (clocher de l’église et château de Hautségur), Montpezat-sous-Bauzon (côte du Pal), Payzac (retable), Saint-André-Lachamp (moulin), Sainte-Eulalie (ferme de Clastre), Saint-Jean-Chambre (église), Saint-Jean-le-Centenier (château), Saint-Julien-d’Intres (ruines), Saint-Pierre-Saint-Jean (mas cévenol fortifié), Saint-Sauveur-de-Montagut (pont de La Valette et canal du Ténébris), Saint-Symphorien (église romane), Vanosc (chapelle Saint-Nizier), Viviers (bible polyglotte de Walton), Vogüé (moulin).
Parmices projets, en voici quelques-uns instruits en 2022.
Les terrasses d’Alissas
Le village d’Alissas est dominé par un amphithéâtre ensoleillé de terrasses en pierre sèche caché par la végétation et le manque d’entretien de ses murets et ses petits escaliers allant d’une terrasse à une autre.
Ces « faÿsses » témoignent d’anciennes cultures de la vigne. Il y a plus d’un siècle, Alissas était connu pour son vin. C’est essentiellement sur ce terroir des Grads, sur ces terrasses captant la lumière, que ce vin a connu des siècles de gloire. Elle a été stoppée par le phylloxéra en 1872. Le but de cette collecte est de restaurer une partie des terrasses par l’entreprise Access Emploi de Privas et d’y replanter des vignes par l’association locale d’oenologie à des fins pédagogiques et de rendre ainsi le charme de ces murets plongeant sur le village.
Le Saint-Louis de Labeaume
Le tableau représente Saint-Louis, vêtu d’une toge blanche de prêtre, déposant la couronne d'épines dans la Sainte-Chapelle. Le tableau a subi des dégradations : altération du cadre, rupture de la toile au centre de la traverse inférieure, craquelure sur la couche picturale. Des travaux de conservation et de restauration sont prévus afin de préserver cette oeuvre : replacement de l’ancien système d’encadrement, dépoussiérage, nettoyage et refixage des écailles, traitement des déchirures, nettoyage de la peinture, vernis et mastics, retouches. Ce projet s’inscrit dans la valorisation du patrimoine communal à la suite de la restauration du tableau de Saint-Pierre en 2021. Ce travail de restauration est confié à la spécialiste Tatiana Ronjon, dans son atelier au château de Verchaüs à Viviers.
La chapelle Saint-Sernin à Chomérac
Édifiée durant la seconde moitié du XIXe siècle à l’endroit même où les premiers habitants de Chomérac s’installèrent en raison de la présence de sources, la chapelle de l’ancien hospice est le dernier vestige d’une institution qui a rythmé la vie sociale de Chomérac. Maison d’accueil de personnes âgées et d’indigents, l’hospice a été également la pharmacie communale. Cette institution demeure ancrée dans la mémoire de nombreux Choméracois attachés à la sauvegarde de cet édifice. Menacée de démolition en raison de dommages majeurs et de l’impossibilité dans laquelle se trouvait la maison de retraite d’en assurer la remise en état, cette ancienne chapelle a été rachetée pour un euro par l’association « Chomérac Patrimoine Vivant ». Une fois restaurée, avec des artisans de Chomérac et des bénévoles professionnels à la retraite, la chapelle accueillera des expositions, des groupes de chant, une tapisserie et une toile inscrites à l’inventaire des monuments historiques.
Le clocher en péril du XIIe siècle de Meyras
Meyras labellisé « village de caractère », au coeur du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche est riche de patrimoines naturels et historiques remarquables. La commune s’engage dans la restauration de son clocher en s’appuyant sur les Ateliers Chanteloube, labellisés « Entreprise du Patrimoine vivant ». Alors qu’en 2015, une expertise montrait déjà les signes de faiblesse des maçonneries du clocher et de la magnifique couverture en tuiles vernissées, il est désormais indispensable de restaurer le clocher de l’église Saint-Étienne.
La côte du Pal, voie antique de Montpezat-sous-Bauzon
Ce sujet étant traité dans un autre article (La Fondation Crédit Agricole Pays de France restaure l’Ardèche), nous ne le développerons pas ici. Vous le trouverez ici !
Le retable de Payzac
Classée monument historique en 1961, l'église paroissiale Saint-Pierre-aux-liens est construite sur une éminence, entre vignes, oliviers et pins maritimes. L'édifice possède un imposant retable inséré dans l'abside déjà en place au XVIIe siècle. C'est ce retable dégradé que la municipalité désire faire réhabiliter. Outre les attaques des insectes xylophages, il a subi des interventions hasardeuses par le passé. Par exemple, les boiseries en noyer, antérieurement enluminées, ont été grossièrement décapées dans les années 1950 et, au XIXe siècle, le tableau a été repeint d’une couche sombre qui le dénature. Le projet de réhabilitation de la menuiserie par l’ébénisterie Gerö à Aubenas vise d'abord à le protéger des attaques des insectes, puis à apporter une patine. La rénovation de la toile par l’atelier de Catherine Scotto à Vic-le-Fesc devrait permettre de réparer altérations et petites déchirures, de découvrir les surfaces occultées et de faire réapparaître les nuances de ses coloris primitifs.
La petite église romane de Saint-Symphorien-sous-Chomérac
L’extension de l’église construite sur un sol argilo-limoneux, les dernières sécheresses ainsi que le séisme du Teil de 2019 ont endommagé la structure de cette église romane du XIIe siècle, seul édifice patrimonial du village. Pour aider la commune à préserver son patrimoine, 85 750 euros sont nécessaires à la réalisation d’un étaiement en bois, travaux indispensables afin de stopper l’avancée des désordres et de garantir la sécurité de l’édifice. Une dépense de cette nature est difficile à financer
pour une commune de moins de 800 habitants. Après les guerres de religion, l’édifice est confié aux protestants et rendu aux catholiques en 1846. À cette occasion, un choeur et des chapelles latérales ont été rajoutés. On peut y voir les têtes de Janus et Mithras attestant du passé gallo-romain. On découvre à l’intérieur des fonts baptismaux ovoïdaux classés monuments historiques. Une association d’habitants « Sauvegarde du Patrimoine » s’est constituée autour de ce projet. Elle compte 10 % de la population comme adhérents et de nombreux sympathisants.
La chapelle Saint-Nizier à Vanosc
Reconstruite entre 1830 et 1840, la chapelle était depuis près de quarante ans à l’abandon. En 2016, une équipe de bénévoles s’est formée pour la rénover. Il fallait retrouver les pierres d’origine, ce fut le travail des bénévoles de 2016 à 2019. Il faut désormais refaire la toiture, repenser les crépis intérieurs, retrouver du mobilier, la doter de deux petits vitraux, rafraichir le joli tableau représentant la Déploration, réparer la statue en bois de l’évêque de Saint-Nizier. C’était le lieu d’un calvaire très fréquenté. On reconnait encore aujourd’hui sur le mur qui longe le chemin rural dit chemin du calvaire, l’emplacement des niches qui servaient de stations pour le chemin de croix en plein air.
La bible polyglotte de Walton, trésor de la bibliothèque historique du grand séminaire de Viviers
Ce sujet étant traité dans un autre article (Une Bible polyglotte à sauver) nous ne le développons pas ici. Vous le trouverez ici !
Le moulin seigneurial de Vogüé
Vogüé, classé parmi les plus beaux villages de France, a compté jusqu’à cinq moulins, dont ce moulin construit au centre du village en 1458. Il a résisté aux assauts de la rivière pendant plusieurs siècles mais en 1890, une crue exceptionnelle de l’Ardèche l'a fortement endommagé. Il est actuellement la propriété d’une famille ardéchoise qui l’a mis à la disposition de l’association « Sauvons le Petit Patrimoine » qui avait déjà restauré, entre autres, la chapelle de Gleyzette. Les bénévoles de cette association, forte de 220 adhérents, désireux de venir au secours du moulin, n’ont cessé de réparer ses dégradations mais actuellement ils se heurtent à une réalité technique et doivent faire appel à un professionnel, l’entreprise Jouve-Villard à Chambonas.
L’église romane de Fabras
Fabras, village dominant la vallée de l’Ardèche depuis 900 ans, est labellisé « Village fleuri » pour son accueil, son respect de l’environnement et la préservation du lien social. Mais… son église est une belle endormie. Elle se dissimule sous des couches d’enduits et de crépis destinés à la protéger et à la « rendre propre » à l’intérieur comme à l’extérieur en masquant involontairement son intérêt patrimonial. Fabras a choisi de faire appel au département et à la gestion de dons de la Fondation du patrimoine pour enchaîner les travaux et lui redonner vie et beauté : toiture, façade à la chaux, restauration des cloches, dalles, étude des peintures intérieures exceptionnelles.
La plateforme participative de la Fondation du patrimoine.
La Fondation, grâce à sa plateforme participative sauve chaque année plus de 2 000 monuments, ponts, moulins, calades, églises, fermes, musées… et participe à l’économie locale et à la transmission des savoir-faire. Au cours des années, tous les 5 km, un projet de la Fondation serait soutenu. Sur le terrain, son réseau, composé de bénévoles et de salariés, accompagne communes, associations et propriétaires privés dans la préservation du patrimoine bâti ou objet et de nos paysages. Chaque projet fait l’objet d’une instruction technique approfondie et d’un suivi rigoureux avec l’Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine (UDAP). Les dons, signe de mobilisation des habitants à un projet, sont défiscalisés et reversés à la fin des travaux après un contrôle de conformité.
Si vous souhaitez restaurer un bien qui a valeur patrimoniale pour vous ou en soutenir un, la Fondation du patrimoine vous attend sur son site www.fondation-patrimoine.org. Vous y découvrirez plus d’une vingtaine de projets ardéchois en cours pour lesquels vos dons permettent un maintien des savoir-faire traditionnels, un sauvetage, la fierté des habitants, un coup de pouce à l’économie locale, et des liens sociaux autour de chantiers communaux.
Au service des collectivités publiques et des propriétaires privés pour tout type de patrimoine bâti, mobilier, jardin, paysage, l’équipe ardéchoise de la Fondation du patrimoine se compose d’une douzaine de bénévoles territoriaux, technique ou à thème et de nombreux partenaires comme l’UDAP, le Conseil Départemental et des associations amies du patrimoine. La Fondation du Patrimoine reçoit une trentaine de demandes par an ; une bonne moitié aboutissent avec succès tant au niveau de la réalisation que des aides financières apportées et surtout de l’acquisition collective et sensible de la notion de patrimoine des bénévoles et de la population ardéchoise.
Philippe Garel
Délégué départemental de la Fondation du Patrimoine