LA MAISON DES CHEVALIERS DE VIVIERS

Les monuments semblent parfois se résigner à abandonner leur histoire originelle…

Ils se lassent insidieusement de tout ce qui leur donnait un sens. Leur raison d’être ne les concerne plus. Le temps qui se hâte lentement aurait rongé ce qui faisait leur superbe. Et pour beaucoup d’entre eux la violence d’évènements hostiles dans les siècles passés a fragilisé leur beauté et leur mission. Ils donnent alors l’impression d’avoir abdiqué. Mais de tous ces maux, l’indifférence se révèle incontestablement le plus dévastateur. On a bien compris que seul le travail de mémoire et des chantiers de réhabilitation peuvent et doivent les sauver de l’oubli. Notre patrimoine en dépend.

À Viviers, ville des bords du Rhône née de l’Histoire, avec pour ambition de faire vivre l’Histoire, des associations s’efforcent désormais de la raconter avec justesse. Et pour que leur récit soit audible et accessible au plus grand nombre, des projets et des moyens, des soutiens et des aides sont indispensables.

La Maison des Chevaliers, bâtisse flamboyante nichée dans une ruelle discrète serpentant depuis des siècles au coeur de la capitale du Vivarais, attire désormais autour d’elle toutes les attentions. C’est ici que se raconte le destin d’un homme et d’une époque. Ce sont ceux de Noël Albert, commerçant habile et aventurier peu scrupuleux. Elle témoigne surtout de son goût pour les arts. En 1546 ce personnage romanesque fit refaire la façade de son hôtel particulier dans le style de la Renaissance. Une merveille.

Mais pour apprécier aujourd’hui les fenêtres à meneaux encadrées de pilastres, les colonnes doriques et une étonnante représentation de tournois de chevaliers et toutes sortes de médaillons, il a fallu que la mairie et surtout le CICP (Centre International Construction &Patrimoine) s’impliquent sans modération. Cette association fondée en 1981 sous le nom de Patrimoine Vivarois, est régie par la loi de 1901. Elle ambitionne de sensibiliser les publics à tous les types de patrimoine avec évidemment une prédilection pour le patrimoine bâti. ‘’La Maison des Chevaliers’’ est un de ses principaux chantiers de réhabilitation. Car si nous n’en voyons que la façade ciselée comme un véritable bijou, l’immensité et le nombre impressionnant de salles s’empilant sur quatre étages enlaçant deux cours intérieures nécessitent encore de très gros efforts.

Le CICP sous la présidence de M. Yves ESQUIEU, veut se donner les moyens de ses ambitions.
Pour cela, il organise des actions d’animations (stages, conférences et visites), et a lancé une campagne de financement participatif. Désormais son objectif est de se focaliser sur les parties classées au titre des Monuments Historiques.
Sa tache est conséquente.

Noël Albert, personnage facétieux et sans doute fantasque, aimant les fêtes et n’hésitant pas à jouer les mécènes avec de l’argent qui ne lui appartenait pas toujours, nommé Bailly de Largentière par l’Evêque de Viviers avant de lever une petite armée de huguenots et de s’en prendre aux biens de l’Église. Il eut été ému et flatté en montant sur l’échafaud en 1568 d’apprendre que sa demeure deviendrait un musée. Il aurait eu du mal à croire que dans sa venelle longtemps embourbée, des associations comme le CICP se pencheraient désormais sur son hôtel particulier comme autour d’un malade et que des colonnes de touristes venant de pays qu’il ne connaissait pas, en pérenniseraient la beauté avec leur smartphone.

Jean-Marie Bayle

Pour en savoir plus : Site Internet du CICP

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