Le Massif Central, une montagne si vieille... et si jeune !
À quel moment le Massif central est-il apparu et depuis quand s’appelle-t-il ainsi ? La réponse est surprenante.
On pourrait commencer par un cours de géographie tel qu’on les trouve dans les livres scolaires : « Le Massif central occupe le centre de la moitié sud de la France, d’où son nom. Il s'est formé pendant l’ère primaire, il y a 500 millions d'années. Sa superficie représente 15 % environ de la France métropolitaine, et c'est le massif le plus important du pays. Ses reliefs sont souvent arrondis par l'érosion. Il culmine à 1 885 mètres au Puy de Sancy. »
Seulement voilà. Cette approche mérite d’être largement affinée. Si le Massif central n’était que cela, il serait aujourd’hui complètement usé par le temps, comme les Ardennes qui culminent à 694 mètres ou le Massif armoricain qui ne dépasse pas les 385 mètres alors qu’il n’a « que » 330 millions d’années.
Donc, une question se pose : pourquoi le Massif central est-il resté une vraie montagne ?
Sa situation y est pour quelque chose ; il est entouré de deux chaînes jeunes datant de l’ère tertiaire : les Alpes et les Pyrénées. Quand ces deux montagnes – surtout la première – sont apparues, la pression a été si intense que le Massif central s’est relevé. Et puis se sont ajoutés des volcans : certains ont plusieurs millions d’années, notamment dans le Coiron, mais d’autres sont des bébés à l’échelle de la géologie. Le dernier à être apparu en Ardèche, mais aussi en France métropolitaine, s’appelle le Souilhol, sur la commune de Meyras. Il n’a qu’environ 10 000 ans. Les peintres de la grotte Chauvet ne le connaissaient pas.
Résumons : la formation du Massif central est née il y a 500 millions d’années et s’est terminée il y a seulement 10 000 ans. Et ce n’est certainement pas fini : les traces d’une activité géologique existent toujours. Prenons quelques exemples : la fontaine intermittente de Vals-les-Bains, la mouffette de Neyrac dans laquelle il est interdit de descendre, car le gaz carbonique peut tuer, et plus récemment, le tremblement de terre du Teil.
Autre particularité : jusqu’au milieu du XIXe siècle, cette montagne n’avait pas vraiment de nom. On parlait d’un « groupe de hautes terres » ou des « Cévennes » (voir l'article page 4), en restant dans un vague absolu. Le nom de « Massif central » apparaît seulement à partir de 1841 ! On le doit d’abord à Pierre-Armand Dufrénoy et Élie de Beaumont qui réalisent des cartes géologiques. Mais à ce stade, l’appellation reste confidentielle. Ce n’est qu’en 1903 que Paul Vidal de la Blache, un auteur de cartes murales scolaires, popularise le nom de Massif central. Il faudra encore du temps pour que ce terme s’impose. Enfin, la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 donne une définition très claire de son périmètre. 1985 ! Incroyable, non !
Oui, le Massif central est vraiment le vieillard le plus jeune de France.