Oléiculture - Les vergers d'oliviers - Banne Eté 2020

Oliviers, Oléiculture et huile d'olive en Ardèche

L'olivier en Ardèche, c'est l'histoire d'une culture séculaire, d'une passion, d'un savoir-faire que la fatalité a failli pulvériser au milieu du siècle dernier. Mais cet arbre à l'espérance de vie exceptionnelle a su récemment générer de nouvelles vocations pour l'oléiculture, permettant ainsi aux moulins à huile de reprendre du service.

Quand les vents dégringolant des hauts plateaux viennent ébouriffer la frondaison d’une oliveraie, certains affirment entendre la mer à travers le murmure du feuillage. Normal ! Les oliviers sont nés avec la Méditerranée et ne cessent depuis d’en raconter l’histoire. En Crête, l’olivier de Vouves, fort de ses quinze mètres de circonférence, peut témoigner de plus de 3000 ans d’observation de la Grande bleue. Il en est de même sur la rive opposée, en Algérie, où Saint Augustin méditait ses futures Confessions sous un olivier du même âge. Plus modestement, aujourd’hui en Ardèche, l’olivier s’efforce de retrouver une aura perdue au milieu du siècle dernier.

C’est dans la partie méridionale du département, le Bas Vivarais, que se concentre la totalité de ses vergers. Aucun olivier n’a jamais tenté de franchir le col de l’Escrinet ou de s’aventurer au nord d’Aubenas. Le froid et l’altitude sont ses adversaires rédhibitoires. La douceur du climat méditerranéen en revanche est inhérente à son essence, et le sol calcaire de la région lui convient parfaitement. Ainsi, bien exposés dans cet environnement, les oliviers en Ardèche offrent une variété de 35 espèces d’olives. Un record.

Mais ce chiffre masque mal une réalité économique beaucoup moins reluisante. La production oléicole ardéchoise représente seulement 1% de la production nationale, qui elle-même ne couvre que 10% de la consommation du pays. L’Ardèche n’est pas pour autant un mauvais élève. Il a surtout été une véritable victime. 1956 marquera la fin d’une époque. Ce fut l’année d’un grand malheur.

Depuis le moyen-âge jusqu’à cette année-là, malgré quelques agressions significatives du froid, l’olivier restait une des dominantes des exploitations agricoles. En plus de l’huile de consommation, l’or vert servait de cosmétique, il permettait aussi la conservation des aliments, comme il aura partagé bien des veillées en entretenant la flamme de petites lampes. Et puis il y eut 1956. Cette année-là la douceur de janvier laissait présager un printemps précoce. La nouvelle s’était répandue d’un olivier à l’autre, et tous ensemble s’étaient empressés d’irriguer leurs branches d’une sève déjà impatiente. Février fut un désastre. Un gel improbable s’acharna sur la région. Les températures naviguaient entre -12° &-14°. Cela dura plus d’une quinzaine de jours. C’est ainsi qu’au terme de cette furie climatique, plus de 300 000 oliviers, la quasi-totalité recensée à cette époque, se retrouvèrent figés par la glace et le gel, statufiés comme les 6000 soldats d’argile de la garde rapprochée de l’empereur Qin Shi Huangdi.

Mais comme l’olivier d’Hérodote, dont une pousse jaillit aussitôt du tronc brulé dans l’incendie du temple par les barbares, les oliveraies ardéchoises illuminent de nouveau de leur feuillage argenté le Bas-Vivarais. Cela est sensible depuis le début de ce millénaire.
La majorité de ces nouveaux oléiculteurs sont des retraités, des passionnés comme Maurice Folcher, ancien médecin. Ajournant régulièrement la taille de ses 700 arbres pour épauler ses confrères dans la campagne de vaccination anti-covid, il assure seul leur entretien.

Cet érudit de la filière oléicole produit essentiellement pour une consommation familiale. Mais Maurice Folcher est surtout devenu par son approche scientifique et médicale un remarquable avocat pour plaider les qualités nutritionnelles de l’huile d’olive. Ses articles sont une mine de renseignements et de conseils.

Et puis il y a les jeunes oléiculteurs. Ceux qui se lancent dans l’aventure avec l’intention de produire pour vendre. Installé sur une commune voisine, à Banne, Thomas Fabre fait partie de ceux-là. Depuis une pincée d’années, il gère ses 250 oliviers disséminés sur plusieurs parcelles. Leur rentabilité est aussi fragile que chronophage. Pour vivre de la cueillette de ses ‘’Rougettes de l’Ardèche’’, il faut, selon lui, en être à la fois le producteur et le vendeur. La cherté de la main-d’oeuvre et une mécanisation trop onéreuse pour un jeune exploitant impliquent donc une grande disponibilité. La taille des arbres étant l’activité la plus exigeante. Fataliste, il reconnait que même bien géré, son verger d’oliviers ne peut être, pour le moment, qu’une des composantes d’une exploitation agricole.

L’histoire des oliviers de l’Ardèche entame donc un nouveau chapitre. Si on s’en réfère aux 3000 ans de l’olivier de Vouves qui produit toujours ses fruits, on peut être rassuré. Cet arbre aux feuilles persistantes qui se sent si bien dans notre département nous réservera sans nul doute encore de belles surprises.

Jean-Marie Bayle

 

Evènements à venir : 

Fête des Amis des oliviers du Pays des VANS : Dimanche 18 juillet 2021

Journées de taille : les samedis 13 &27 mars

Galerie de photos

Oléiculture - Thomas FABRE au moment de la taille Oléiculture - Olivier prêt à être taillé - Chassagnes