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Chatus, un cépage ardéchois ressuscité

En 1599, dans la première édition de son Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, Ardéchois et précurseur de la viticulture moderne, cite le chatus parmi une des 38 variétés de vignes composant le vignoble du royaume…

Au XIXe siècle, le Chatus était le principal cépage cultivé sur les terroirs légers et gréseux de la bordure cévenole du Bas Vivarais, d’Aubenas à Bessèges, dans le sud du Massif central. Il était aussi assez répandu dans les Alpes (Dauphiné, Savoie) et dans le nord de l’Italie (Piémont). D'où d'autres appellations telles que Chatelus, Houron à Saint-Péray, Charos dans l'Ardèche, Corbel dans la Drôme, Corbesse dans l'Isère ou encore Negro en Italie. D’autres noms existent tels que Vert Chenu ou Vert Chanu, Gros Chanu ou Gros Chenu, Persagne-Gamay, Provareau ou Prouveraeau, Syram(h)use… En Italie de nouveau, il porterait aussi le nom de Nebbiolo di Dronero. Le « s » de Chatus ne se prononce pas.

Dès 1869, la crise du Phylloxéra bouleverse la viticulture française. Le choix est fait d'arracher les plants de vignes parasitées par ce puceron venu des États-Unis qui provoque la mort des pieds de vigne en quelques années seulement. La majorité des plants de Chatus disparait alors. 

Cependant quelques viticulteurs en conservent quelques-uns, comme la famille Allamel qui va replanter quelques hectares dès 1883 sur ses terres de Rosières. Il est aussi sauvé in extremis de la disparition par les vignerons de Vernon entre 1880 et 1940 qui l’apprécient pour son degré, sa couleur et son corps. Mais cette culture reste confidentielle et, en 1950, le Chatus n’est même plus référencé dans le nouveau répertoire des cépages français. Pourtant en 1958, il couvrait en France, 60 hectares. 

Il faudra attendre la fin des années 1980 pour que le Chatus fasse son grand retour dans la région. Les vignerons de la « Cévenole de Rosières » (dont le gérant n’est autre que le petit fils Allamel) lancent une cuvée de Chatus. En 2000 est créé le Syndicat des Vignerons de Chatus. Un programme de sauvegarde et de replantation est entrepris par les vignerons de la cave coopérative la Cévenole (à Rosières) et par Jean-Paul Sévenier, directeur du Centre OEnologique de Vallon Pont d’Arc.

Le cépage a désormais retrouvé sa place dans le catalogue officiel des cépages français et fait alors partie des produits du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche (dont un petit film fait une belle présentation : https://www.youtube.com/watch?v=UU0UM2AsPeM )

Aujourd’hui, on dénombre une soixantaine d’hectares dans le Piémont Cévenol, des Vans au nord-est de Largentière. C’est sur les hauteurs de la commune de Vernon que l’on peut observer la plus ancienne parcelle de Chatus en Ardèche, environ 25 ares plantés en 1883 il y a près de 140 ans. Les vignes sont situées sur les « faysses » (autre fierté locale), terrasses de grès retenues par des murets typiques de la viticulture cévenole. Cette particularité ardéchoise est même labellisée en 1992 « paysage de reconquête » par le ministère de l’Environnement.

De nos jours, une trentaine de vignerons produit environ 150 000 bouteilles de Chatus par an dont les 2/3 sont vendues dans le département. Ce cépage rouge tardif doit être taillé en arcature en laissant de longs bois sur chaque cep attaché en arc de cercle sur le fil de fer, la vendange est manuelle, la fermentation malolactique et l'élevage se fait en fût de chêne.

Au nez, selon les spécialistes, on distingue la nèfle et les fruits trop mûrs, voire confits, comme la pâte de coing, la figue ou le pruneau à l’alcool. On y trouve également des notes liées à son élevage en sous-bois : tabac, café, vanille cannelle et poivre. Enfin, le Chatus confère à ses vins une puissance, une structure, une belle acidité et une richesse tannique étonnante. C’est un vin de garde qu’il faut attendre au moins 3 ans et environ une demi-journée en carafe avant de le déguster. Attention et patience pourraient caractériser les exigences de ce cépage... un peu comme pour une femme !

Clélia Brunel

P. S. : Les Chatus 1883, vieilles vignes, est en vente et dégustation exclusivement au Caveau La Cévenole de Rosières !

 

 

Les Producteurs de Chatus : 

• UVICA – Vignerons Ardéchois
BP 8 – 07120 Ruoms Tél.04 75 39 98 00 – Fax 04 75 39 69 48
Mail : uvica@uvica.fr - www.uvica.fr
https://boutique.vignerons-ardechois.com/  - https://boutique.vignerons-ardechois.com/selections-parcellaires-reserve/3-chataignier-chatus-reserve-rouge-2019-75cl.html?search_query=chatus&results=1


• Cave coopérative La Cévenole (cave adhérente à UVICA-Vignerons ardéchois)
Le Grillou – 07260 Rosières Tel. 00 33 (0)4 75 39 52 09
caveaulacevenole@wanadoo.fr
www.cavelacevenole.com
https://www.cavelacevenole.com/produit/chatus-1883/


• Cave coopérative Lablachère La Vignolle
07230 Lablachère - Tél. 04 75 36 65
Il s’agit du « berceau » du Chatus et la possibilité de goûter à une vigne d'au moins 130 ans,
une expérience exceptionnelle !
www.cave-lablachere.fr
contact@cave-lablachere.fr
https://www.cave-lablachere.fr/cave/6-chatus-vin-cevennes-ardechoises


• Domaine de Grangeon / Christophe Reynouard
Balbiac – 07260 Rosières
Tél. / Fax 00 33 (0)4 75 39 54 84
À déguster chez Marcon notamment

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