UN JOUR D'ETE A BANNE

De Banne et de notre sortie d’été du jeudi 3 août 2018 commune avec la Société de la sauvegarde des monuments anciens de l’Ardèche, je retiens la notion de puissance.

Puissance du chant des cigales dans les jardins du château. Curieusement, les cigales, très grosses, étaient de couleur anthracite, comme le charbon de Besseges qui affleure encore sur les collines environnantes.

Puissance de la voix de M. Jean-Marie Laganier, maire de Banne qui, avec générosité, nous accueillit à l’entrée du château en nous présentant la réalité de sa commune aujourd’hui.

Puissance désaltérante de l’eau offerte à chacun au seuil du château par M. Sébastien Strohl de Pouzols, qui sera notre guide en tant que président de l’association des amis de Banne.

Puissance des paysages depuis la terrasse du château : vues sur le Tanargue (1511 m) jusqu’aux Préalpes, la Basse Ardèche et tout en bas, la plaine fertile de la Berrias, plantée de vignes et d’oliviers.

Puissance d’une terre de frontières, enclave du Vivarais (Pays des Vans) dans le pays du Gévaudan (la Lozère) et le Pays de l’Uzège (le Gard).

Puissance de la famille de Bane qui, au début du XIIème siècle fit construire une tour défensive carrée sur un promontoire rocheux.

Puissance du pape en Avignon Urbain V qui dota si bien sa nièce Urbaine de Grimoard que son fils, Antoine, baron du Roure fit d’un château moyenâgeux une immense demeure de la Renaissance au nombre de fenêtres équivalent à celui des jours d’une année.

Puissance de la confiance de la famille Beauvoir du Roure dans le roi et la religion catholique, ce qui lui permit de ne pas être victime des guerres de religion.

Puissance des sources canalisées dans des tuyaux de terre jusqu’aux abreuvoirs des écuries.

Puissance des écuries et de leurs voûtes, seul reste visible du château, d’une longueur exceptionnelle de 54 m sur 7 de large.

Puissance de l’incendie qui, en 1792, sur ordre de la Convention brulât pendant plusieurs jours le château de Banne, suite aux revers du comte de Saillans et des royalistes issus du camp de Jalès.

Puissance du huguenot Henri Collomb (habitant les Vans) qui, en 1820 acheta le château et ses terres, intéressé par l’exploitation des gisements de houille, et déplaça le porche du château jusqu’en sa demeure, le domaine des Lèbres* juste en bas dans la plaine, qui produit, dit-on, un excellent vin bio (domainedeslebres.com).

Puissance du promontoire rocheux de Banne qui continue d’accueillir tout un village bien en vie ayant de nombreux projets dont celui du développement local fondé sur le patrimoine historique, soutenu par l’Association des amis de Banne (créée en 1970), la Fondation du Patrimoine et le conseil départemental de l’Ardèche.
Joie des trois jeunes bacheliers avec mention bien qui, grâce aux bourses de l’Amicale des Ardéchois à Paris remises à Banne (chacun 1500 euros) pourront poursuivre leurs études supérieures et atteindre leurs objectifs de création d’entreprise en Ardèche.

Joie et surprise des membres de l’Amicale des Ardéchois à Paris d’avoir su attirer une jeune bachelière (mention TB) d’un lycée d’Aubenas, admise en Hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris, venue spontanément chercher l’aide et le soutien des Ardéchois à Paris pour se loger et s’intégrer.

Et non loin de Banne, à quelques kilomètres à vol d’oiseau mais à une heure trente en voiture par un ancien chemin muletier, splendeur de la chapelle romane de Thines, classée monument historique en 1848 par Prosper Mérimée : église du XIIème siècle, dépendante de l’abbaye de Monestier-Saint-Chaffre, non loin des grandes voies de pèlerinage du Puy-en-Velay vers Saint-Jacques de Compostelle.

Construite en pierres de taille de granit gris sur un piton rocheux, son abside bénéficie d’une riche bichromie de grès rouge et gris supportant des sculptures réalistes et naïves d’abeilles, de poissons et de vaches.

Depuis le petit parvis, vue étincelante sur l’étroite vallée du Chassezac.

Puissance des paysages ardéchois.

Béatrice Rigaud-Juré
 

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