L'amicale des Ardéchois de Paris devant la statue de Marc Seguin à Tournon

TOURNON
TURRIS FORTISSIMA : FORTE GRÂCE À SES TOURS !

Le jeudi 3 août 2017 s’est déroulée la journée annuelle de l’amicale des Ardéchois à Paris,dans leur département d’origine !

Nous étions une petite centaine à visiter Tournon-sur-Rhône, sous-préfecture de l’Ardèche, ville médiévale autrefois fortifiée dont on voit encore quelques portes, traces de murs et tours. Nous étions en compagnie, comme à l’accoutumée, de nos amis de la société de la sauvegarde des monuments anciens de l’Ardèche.

Nous avons visité les lieux emblématiques de la ville :

1 - Le Château-musée fondé au Xème siècle sur l’emplacement d’une tour de guet gallo-romaine perchée sur un rocher impressionnant. Comme tout monument, il a connu de grandes évolutions et ajouts, la tour Beauregard, deux terrasses époustouflantes et la chapelle qui abrite le sublime triptyque de Jean Capassin. Saint-Louis, François 1er et Henri II en partance pour l’Italie et même Ronsard y séjournèrent. Le poète écrivit plus tard son « Ode à Hélène » après avoir été page en ces lieux à l’âge de 12 ans ! François de Tournon, cardinal et évêque de Lyon, diplomate et conseiller des deux rois cités y est né. On peut admirer ses collections lapidaires et la chambre de la malheureuse Hélène de Tournon, jeune, belle et morte d’amour.

2 – Le lycée Gabriel Faure, du nom d’un écrivain (et non du musicien Gabriel Fauré). L’architecte Jean-Louis Roche, président de l’association de la chapelle du lycée de Tournon et Mme Mari Carmen Palanca, présidente fondatrice de l’association de la sauvegarde du patrimoine du lycée ont guidé cette visite. Il faut retenir que ce lycée est le plus vieux lycée des provinces françaises, créé en 1536 par le cardinal François II de Tournon. Il comprend en plus de ses salles de classes dans la partie la plus ancienne, une bibliothèque appelée Honoré d’Urfé où se trouvent entre 10 000 et 15 000 ouvrages dont des incunables, issus de la collection du cardinal, malheureusement en partie dispersée à Lyon ou brûlée lors d’incendies avec un tableau du Titien ! Une galerie présente deux tapisseries des Flandres du XVIIème et cinq d’Aubusson. La salle des Actes est remarquable d’intérêt et de conservation.
La chapelle du lycée de style “Jésuite classique”, notamment pour sa façade, ses décors intérieurs et sa destination, a été construite de 1673 à 1720. Elle a connu une histoire riche et mouvementée où les jésuites et leurs opposants se sont affrontés. Sépulture du cardinal, toujours restaurée patiemment, elle est devenue aujourd’hui principalement une salle de réunion, d’exposition et de concert !

3 - La collégiale Saint-Julien fut construite au début du XIVème siècle par Guillaume, évêque de Valence et de Die à la place d’une église romane du XIème et pourvue de sept chanoines, témoins de son rayonnement. C’est une des plus grandes églises d’Ardèche !

4 – Accompagnés par Sandrine Defour-Abeele guide professionnelle, nous avons fait également une visite rapide de la vieille ville et ses fortifications dont la devise, figurant sur le blason de la ville, est mentionnée dans le titre de cet article.

A la suite de ces visites, place du Rhône, devant le port de croisières fluviales, en face de la statue de son illustre ancêtre, Mme Valérie Lefèvre-Seguin nous a conté la vie de son aïeul, Marc Seguin, dit « Seguin aîné » scientifique, ingénieur et entrepreneur français (1786-1875). Disciple de Joseph de Montgolfier dont il était le petit-neveu, père de 19 enfants issus de deux mariages, il a oeuvré toute sa vie avec ses quatre frères. Il expérimentera dès 1822 le premier pont suspendu au monde, à fil de fer, au-dessus de la Cance, qu’il fera démonter. Puis il fit construire sur ce modèle, en 1825, à Tournon-sur-Rhône, le premier grand pont suspendu d'Europe continentale. Il a breveté en 1827 la chaudière tubulaire conçue pour des bateaux à vapeur navigant sur le Rhône dont il imagina un service de transport performant. Deux ans plus tard, il appliquera cette invention accroissant la puissance des chaudières des locomotives à vapeur : elles passeront d’une vitesse de 5 à 40 km/h. En 1827, il sera le pionnier de la première ligne de chemin de fer française de Saint-Etienne à Lyon, concédée aux Frères Seguin, ouverte aux marchandises et aux voyageurs.
Mme Valérie Lefèvre-Seguin a ajouté qu’il a été plus que cela : humaniste, philanthrope et bienfaiteur de sa ville natale Annonay, il a innové dans le domaine économique et celui de l’enseignement fondé sur l’éveil de la curiosité et la pratique.
Ardéchois reconnu à Paris, puisque correspondant de l’Académie des sciences en 1845, Marc Seguin fait partie des 72 noms de savants, inscrits sur la Tour Eiffel.

A mi-journée, nous avons eu le privilège de déjeuner sur la terrasse du château-musée à la magnifique vue panoramique sur le Rhône, Tain et Tournon et leurs vignobles. Le traiteur Mets et Délices de Saint Romain d’Aÿ nous avait préparé un délicieux repas essentiellement à base de charcuteries ardéchoises et de verrines. Hommage aux domaines viticoles de Voge et Courbis qui nous ont proposé de déguster d'excellents vins. Nous avons pu apprécier du Saint-Péray blanc pétillant ou non, du Cornas rouge et du Saint-Joseph rouge « Les Royes » !

Lors de ce déjeuner, il y a eu un mot de notre Président Philippe Auzas pour situer cette opération dans les activités de l’association, de Pierre Court, président de la société de la sauvegarde ainsi que de Frédéric Sausset, maire de Tournon. Nos vignerons invités Courbis et Voge firent la présentation du terroir des Côtes du Rhône et de leurs vins généreusement offerts à l’assistance.

Les prix Jean Nohain et Marc Seguin ont été remis à deux très brillants bacheliers (voir article ci-contre).

L’après-midi, nous pouvions soit visiter la Cité du Chocolat Valrhona, soit visiter l’église romane de Vion, en compagnie de Jean-Pierre Gaunard.

N’oublions pas de citer Stéphane Mallarmé, grand poète français, qui a enseigné l’anglais au lycée Impérial de Tournon de 1863 à 1866, ville qu’il n’aimait guère, car il la jugeait trop loin des grands centres urbains et dotée d’un climat venteux. Il s’ennuyait. Il a écrit : « Demain je fuirai l’Ardèche. Ce nom me fait horreur. Et pourtant il renferme les deux mots auxquels j’ai voué ma vie : Art et dèche… ».

Maria Balandraud
Ardéchoise à Paris de Saint Symphorien de Mahun

Nota Bene : Si vous souhaitez à nouveau éveiller vos papilles gustatives avec ces excellents vins, conseil est donné d’aller consulter leur site internet afin d’en commander : http://www.saint-peray.net/alain-voge.php et http://www.vins-courbis-rhone.com/fr/

Galerie de photos

Banquet sur la terrasse du Château Philippe Auzas, président de l'AAP et Pierre Court, président de la Société de Sauvegarde des Monuments anciens de l'Ardèche, ont été accueillis par le Maire de président de l'agglo, Frédéric Sausset.