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L'urgence climatique en Ardèche

Depuis sa création en 2001, le Parc des Monts d’Ardèche recherche un modèle de développement plus respectueux de l’environnement. Penser l’urgence écologique, capitaliser l’expérience et préparer l’avenir, voilà ses trois grandes ambitions.

Au XXe siècle, la température moyenne à la surface de la terre a augmenté de près d’un degré. Cette augmentation se poursuit et d’ici 2100, la température moyenne pourrait encore gagner de 2 à 6 degrés. Ce réchauffement est sans précédent. Lorsque le climat planétaire était de 4 à 8 degrés inférieur à maintenant, les glaciers arrivaient aux portes de Lyon et les glaces polaires recouvraient une bonne partie de l’Angleterre.
Peut-on s’imaginer notre planète avec 4 degrés de plus ? Ce sont nos conditions de vie qui vont se trouver très rapidement impactées, avec des incidences majeures pour les activités humaines. Le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a été créé en 1988 par l’ONU.
Son objectif ? Identifier précisément les causes du réchauffement, recenser et envisager les conséquences, indiquer les pistes à suivre pour s’adapter. Dans leur rapport, les experts démontrent que si tous les États tenaient leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre, la Terre enregistrerait plus 1,5 degré d’ici 2100. Pour atteindre l’objectif fixé de neutralité carbone en 2050, nous devons diviser nos émissions de gaz à effet de serre par six.
Les experts montrent même que l’essentiel de cette réduction doit être faite d’ici à 2030, pour éviter les scénarios les plus pessimistes sur l’évolution du climat.

Ce constat mondial est malheureusement partagé sur le territoire des Monts d’Ardèche. À Aubenas, entre 1959 et 2017, l’augmentation de la température moyenne observée est de plus 1,9 degré. Même si les quantités de pluie restent stables ces dernières décennies, les météorologues craignent un changement dans l’intensité et dans la saisonnalité des épisodes pluvieux. Ces modifications affectent les activités du territoire, l’agriculture notamment. Pour Hélina Deplaude, technicienne à la Chambre d’Agriculture, « la châtaigneraie ardéchoise souffre aujourd’hui des augmentations de température observées dans les Monts d’Ardèche. » Les secteurs à basse altitude et aux expositions les plus chaudes souffrent le plus, et cela est
amplifié sur les sols les moins profonds. Les Monts d’Ardèche sont aussi émetteurs de gaz à effet de serre et doivent participer à l’effort collectif de diminution. Si le transport arrive en tête des sources d’émissions de gaz à effet de serre, c’est lié à l’organisation de notre territoire. Des vallées encaissées, un habitat diffus, la concentration des services dans les agglomérations, sont autant de facteurs multipliant les déplacements en véhicule individuel. Ce secteur est aussi impacté par le fret. La nationale 102, par exemple, reliant la vallée du Rhône au Massif Central concentre les flux de transport de marchandises. Les émissions liées à l’agriculture sont d’origine non énergétique. Seuls 3,2% des émissions sont issues de la combustion
d’énergie (engins agricoles, bâtiments, transformation agroalimentaire, serres…). 95% des émissions du secteur agricole proviennent de l’élevage.
Il s’agit des émissions de méthane issues du processus de digestion des bovins et du protoxyde d’azote dû à l’épandage de fumier. Cependant, les pratiques agricoles du territoire en matière d’élevage sont d’ores et déjà fortement tournées vers l’élevage extensif. Par conséquent les marges de manoeuvre et les moyens d’actions sur ces sources d’émissions restent limités. Concernant l’habitat, les logements anciens, mal isolés, couplés à des modes de chauffage souvent inadaptés caractérisent une grande partie du parc de logement et expliquent que le résidentiel soit responsable de près d’un quart des émissions. Ce bâti énergivore engendre une augmentation de la précarité énergétique.

Tout comme l’arctique ou les forêts tropicales, les Monts d’Ardèche sont touchés par l’érosion de la biodiversité. Au fil des années, le changement climatique et l’évolution de nos modes de vie ont un impact sur la faune et la flore. Ainsi, les sécheresses et les canicules mènent au dépérissement de la végétation et certaines espèces colonisent désormais des milieux plus favorables, en altitude ou sur les versants ombragés. Certains oiseaux ou papillons tendent à décaler leurs migrations ou à se déplacer à la recherche d’habitats plus accueillants. À travers de nombreux inventaires faune et flore, le Parc des Monts d’Ardèche suit cette évolution. Ce suivi permet d’identifier les changements et de prioriser les urgences pour mieux orienter les efforts de transition écologique.

Si certaines zones sont très urbanisées, notamment sur l’axe Privas / Aubenas / Les Vans, les secteurs de pentes et de montagne bénéficient encore de grands espaces agricoles et naturels. Les zones les plus planes et mécanisables sont toutefois menacées par l’urbanisation. Leurs évolutions sont suivies de près pour garantir la préservation des paysages mais aussi le développement local.

Le Parc accompagne les communes pour l’élaboration de documents d’urbanisme préservant ces espaces essentiels notamment pour répondre aux besoins d’une alimentation en circuit-court. Certains secteurs qui ont été aménagés par le passé et qui ont perdu leur utilité sont même parfois rendus à leur naturalité. C’est le cas à Sainte-Eulalie et Borée où des téléskis abandonnés et vétustes ont été démantelés avec l’ONG Mountain Wilderness. La neige n’est plus au rendez-vous pour le ski alpin, mais les espaces sont désormais le terrain de jeu des randonneurs, des vététistes. Ce sont aussi des pâtures agricoles que les oiseaux peuvent survoler en toute sérénité, car les câbles si gênants ont disparu.

Chez nous ou au travail nous pouvons abaisser notre consommation d’énergie. Pour y contribuer, un système d’accompagnement des propriétaires et des artisans a été mis en place, c’est Rénofuté (financé par les communautés de communes adhérentes, la Région Auvergne Rhône-Alpes et LEADER Ardèche). Le parc de logement des Monts d’Ardèche est caractérisé par des habitations en majorité anciennes dont la consommation énergétique avoisine les 250 kw/m²/an, alors que la norme actuelle pour les constructions neuves est de 50 kw/m²/an. En associant l’ensemble des professionnels du bâtiment, la plateforme de rénovation énergétique des logements privés a pu voir le jour et enregistre aujourd’hui des résultats à la hauteur des enjeux.
Le Parc est un territoire étendu où l’utilisation de la voiture est une nécessité. Dans les Monts d’Ardèche, 60% des trajets réalisés font moins de 20 km. Le co-voiturage est un système qui fonctionne bien, notamment chez les jeunes. Toutefois, les trajets inscrits sur les plateformes dédiées enregistrent de longues distances. Ce système n’est donc pas adapté aux petits trajets.
Des expérimentations sont en cours sur le territoire afin de tester différentes pratiques et de commencer à changer nos habitudes. La mise en place d’un véhicule en autopartage au sein d’un hameau est expérimentée sur la commune de Beaumont. Les résultats sont positifs et encouragent à multiplier ce type d’initiative. Les communautés de communes de Beaume-Drobie et de la Vallée de l’Eyrieux développent le stop organisé. Ce système consiste à créer une communauté d’usage  d’autostoppeurs, clairement identifiés, permettant de simplifier leur prise en charge par des conducteurs adhérents au réseau. La « non-mobilité » est aussi une solution qui a fait ses preuves sur notre territoire et notamment pendant le confinement. De nombreuses entreprises et collectivités proposent aujourd’hui à leurs salariés de pouvoir télétravailler sans se déplacer. Il demeure cependant des inégalités d’accès aux réseaux numériques avec encore des zones blanches sur le territoire.
Au-delà de la vie quotidienne, nos pratiques touristiques elles-mêmes peuvent être plus responsables : c’est le choix d’un tourisme de qualité qui fait vivre les producteurs, hébergeurs et guides locaux et qui permet de découvrir vraiment le territoire. À titre d’exemple, les partenaires du programme de reconquête de la Châtaigneraie travaillent pour mieux comprendre et améliorer la résistance des vergers à la sécheresse et la chaleur. Ainsi, les castanéiculteurs expérimentent des nouvelles techniques d’élagage, de conservation de la diversité génétique existante dans l’AOP et de greffage des variétés qui seraient les plus adaptées aux climats futurs, de préservation de la matière organique du sol comme moyen d’améliorer la
vigueur des arbres et la disponibilité en eau.

Le changement climatique, les conséquences de la pollution et de la consommation des terres agricoles et naturelles impactent déjà nos vies quotidiennes et continueront à le faire jusqu’à ce qu’un changement global s’installe sur le long terme. Cela signifie que l’ajustement à ces transformations est nécessaire dès aujourd’hui. Cela passe également par l’urgence de mobiliser les habitants face aux enjeux qu’ils auront à intégrer car ils devront aussi vivre différemment sur le territoire. C’est l’enjeu du « vivre autrement » : consommer, se déplacer, habiter… autrement. En lien avec les métiers des Parcs, l’éducation a pour mission d’informer, de former pour amener les citoyens – tout au long de la vie –, à agir en faveur de la transition. L’urgence écologique et climatique est aujourd’hui établie.
Elle est même inscrite depuis 2019 dans la loi française ! Ce que dit cette urgence, c’est qu’elle ne concerne pas que les générations futures mais que nous sommes tous concernés.

En matière d’urbanisme et d’habitat, l’appel à projet « Urba Innov » porté par le programme LEADER Ardèche a permis de soutenir des projets d’urbanisme exemplaires en matière de transition : reconversion du moulinage de Chirols, rénovation du presbytère de Beaumont, constructions de logements communaux en structure bois-paille sur Saint-Étienne de Boulogne.
Les Parcs, qui portent l’expérimentation et l’innovation, ont pleinement leur rôle à jouer.

Article proposé par le Parc Naturel Régional des Monts d'Ardèche

Lien vers le site du Parc : https://www.parc-monts-ardeche.fr/

 

Part des émissions de gaz à effet de serre par secteur sur le territoire des Monts d’Ardèche (hors branche énergie) :

  • Transport routier 33 %
  • Agriculture, sylviculture et aquaculture 29 %
  • Résidentiel 21 %
  • Industrie 12 %
  • Tertiaire 6 %

 

 

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