Gérard Mourou

Gérard MOUROU, Prix Nobel de physique, est-il Ardéchois ?

 

 

 

 

 

Télescopage de la presse locale, le 2 octobre 2018, l’édition Drôme-Ardèche du Dauphiné annonçait que le Prix Nobel de Physique était ardéchois, originaire de La Voulte-sur-Rhône, alors que l’édition de Savoie titrait qu’il était savoyard, né à Albertville. Gérard Mourou nous a confirmé sa naissance le 22 juin 1944 à Albertville, et le fait qu’il a passé une grande partie de son enfance à La Voulte, au bord du Rhône. En tout cas, il est rhône-alpin, d’autant qu’il a commencé sa vie étudiante à l'Université des Sciences de Grenoble, où il obtient une maîtrise en physique en 1967. Il obtient ensuite à Paris un Doctorat d’Optique approfondie traitant de la variation de fréquence des lasers à rubis. Il part alors au laboratoire de recherche en optique et laser de la faculté des sciences de l'Université Laval au Canada, où il travaille sur les lasers à impulsions brèves appliqués à l'étude des colorants en solution. Il obtient en 1973 pour ces travaux le doctorat d'État en sciences à l’Université de Paris VI-Sorbonne. Il travaille ensuite à San Diego (USA) puis revient en France au Laboratoire d’Optique Appliquée de l’École Nationale Supérieure de Techniques Avancées (ENSTA) et de l’École Polytechnique.

En 1977, il repart aux États-Unis, au laboratoire pour l'énergie laser de Rochester. Il devient rapidement Senior Scientist, directeur du groupe de recherche, ainsi que professeur à l'institut d'optique de cette université.

En 1988, il est nommé professeur au département de génie électrique et informatique de l’Université du Michigan, où il fonde et dirige un laboratoire sur les sciences ultrarapides. Il est également professeur au département de physique appliquée.

En 1994, Gérard Mourou et son équipe font des découvertes concernant la propagation dans l'atmosphère d'un faisceau laser.

Après trente années passées aux États-Unis, Gérard Mourou revient en France pour prendre, de 2005 à 2009, la direction du LOA, devenu unité mixte de l'École polytechnique, du CNRS et de l'ENSTA ParisTech. En 2007, il crée l'Institut de la lumière extrême (ILE) qui a pour objectif la construction, sur le plateau de Saclay, du premier laser de haute puissance baptisé Apollon. En parallèle, il lance le projet européen Extreme Light Infrastructure (ELI) qui permettra la construction de trois grandes installations laser pétawatt de pointe dans plusieurs pays d'Europe. En 2013, Gérard Mourou lance le projet ICAN, qui vise à repousser les limites des lasers ultracourts actuels en réalisant la combinaison cohérente d'un grand nombre de fibres optiques.

Il est aujourd’hui directeur de l’IZEST (International Zetta-Exawatt Science and Technology), auquel sont associés plus de 27 laboratoires à travers le monde pour anticiper l’avenir des lasers de haute puissance.

Gérard Mourou a reçu de nombreuses distinctions :
• En 1995, le prix R. W. Wood de l'Optical Society of America.
• En 2007, le prix Lazare Carnot.
• Le 3 juin 2009, le prix prestigieux Charles H. Townes 2009 de l'Optical Society of America décerné pour des travaux en optique, laser et optique quantique.
• En 2012, Chevalier de la Légion d’Honneur.
• En septembre 2018, l’American Physical Society lui décerne le prix Arthur L. Schawlow in Laser Science pour sa contribution à l’avancement de la recherche fondamentale en physique du laser et de ses applications.
• En octobre 2018, il reçoit le prix Nobel de physique, conjointement avec la Canadienne Donna Strickland (qui réalisa son doctorat sous sa direction) pour leur méthode de génération d’impulsions optiques. L'Américain Arthur Ashkin partage avec eux ce prix Nobel pour d'autres travaux sur le laser (pince optique).


"Les découvertes de ces trois lauréats ont révolutionné la physique des lasers devenus des instruments de précision avancée qui ouvrent des champs inexplorés de recherche et une multitude d’applications industrielles et médicales".
(Communiqué de l’Académie royale suédoise des sciences).
Pour plus d’informations :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=_41PHz-TR_4

 

Gérard Mourou a bien voulu répondre aux questions de l’Amicale :


1 et 2) Quelle est l’influence de votre famille ou de votre enfance à La Voulte dans votre orientation vers le métier de chercheur ?
Je vais vous faire une seule et même réponse à ces deux questions. C’est avant tout grâce à mon père que je me suis orienté vers le métier de chercheur. Il était ingénieur dans la distribution d’électricité et pendant ma jeunesse, il m’avait emmené avec lui sur plusieurs chantiers sur lesquels il travaillait. Nous étions très proches et il me parlait souvent de son métier d’ingénieur et de ses travaux, à tel point que les sciences sont devenues un domaine très familier pour moi.

3) Vous sentez-vous dans la lignée des inventeurs ardéchois (Seguin, Montgolfier, etc.) et cette filiation locale éventuelle a-t-elle eu une influence sur vos choix professionnels ?
Il aurait été prétentieux de se projeter à la hauteur de tels inventeurs et je n’ai jamais eu une telle ambition. Je suis honoré par la comparaison mais l’essentiel est d’avoir apporté une petite pierre à l’édifice en contribuant au progrès scientifique.

Propos recueillis le 16 novembre 2018 par Béatrice Rigaud-Juré et Bernard Champanhet