Anna Boulle-Guérin 01

Hommage à Madame Anna Boulle-Guérin, "The Poppy Lady", une grande dame Ardéchoise

Née le 3 février 1878 à Vallon-Pont-D’arc, Anna Boulle, mariée à un militaire aventurier, a débuté sa carrière d’enseignante dans une école coloniale à Madagascar.

En 1907, Anna Boulle divorce. Elle se remarie trois ans plus tard à un magistrat, Eugène Guérin, d’origine alsacienne, qui travaille alors au Mali. C'est un mariage de convenance. Sous l'égide de l’Alliance Française, elle part au Royaume Uni avec ses 2 filles . Elle fit rayonner la France avec des conférences données en français sur les grandes dames qui ont fait l’Histoire de la France en se produisant costumée en Jeanne d’Arc, Marie-Antoinette ou Joséphine de Beauharnais, dans les écoles et les cercles littéraires de l'époque.

La première guerre mondiale éclate, Anna Guérin est mutée aux Etats Unis où elle arrive en octobre 1914. Elle commence ses conférences dans les États de l'Est de l'Amérique et fait don de la moitié de ses gains à la Croix-Rouge afin de venir en aide aux orphelins de guerre français.

En 1915, Anna Guérin se rend sur le front pour comprendre la réalité des tranchées, elle voit des enfants décorer les tombes des soldats avec des coquelicots, seule fleur avec le bleuet et la marguerite persistant à pousser en dépit des bombardements.

En parallèle, deux infirmières parisiennes, Suzanne Leenhardt et Charlotte Malleterre lancent à Paris le bleuet.

S’inspirant du poème In Flanders fields (Au champ d’honneur) du lieutenant-colonel John McCrae, médecin militaire canadien, Anna Guérin eut alors l’idée de vendre le coquelicot, fleur du souvenir fabriquée par les veuves et orphelins de France avant la fin de la première guerre mondiale pour leur assurer un moyen de subsistance.

Lorsque l'armistice de la Première Guerre mondiale fut signé, Anna pensait que son travail était terminé, mais le gouvernement français lui demanda de retourner aux États-Unis et de créer une nouvelle association caritative française pour les enfants avec comme emblème le coquelicot.

La première journée du coquelicot d'Anna a eu lieu le 25 octobre 1919 à Baltimore.

En octobre 1920, la mairie de Vallon a reçu un don de 2.500 Francs de la Ligue Américaine-Française sur les indications de Mme Guérin, pour les orphelins de guerre.

Les Alliés l’ont adopté dans tous les pays le 11 novembre 1921 comme fleur mémorielle au profit des victimes de la guerre de 1914-1918.

Anna Guérin a organisé de nombreuses collectes de fonds au bénéfice des veuves, orphelins et des vétérans à travers les États-Unis et le Canada - avec neuf traversées transatlantiques pendant la première guerre mondiale - en faisant vendre des coquelicots fabriqués en France et leur assurait un moyen de subsistance.

Elle étend son initiative au Canada, à la Grande-Bretagne, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande.

En raison du succès et de la forte demande de coquelicots, chacun des pays a créé à partir de 1922 - sauf l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui ont eu des coquelicots français plus longtemps. La Nouvelle-Zélande a été la plus fidèle - les achetant jusqu'en 1928 - ses propres sites de fabrication, ce qui eut raison de la production française d’Anna Guérin.

Pourtant, Anna Guérin continue de se rendre à New York où elle a établi avec sa sœur un commerce d’antiquités achetées en France.

Le parcours d’Anna Guérin est remarquable avec des actions humanitaires et solidaires auprès de la Croix Rouge - à une époque où les femmes restaient à l’arrière.

Anna Guérin est décédée dans l’anonymat le 16 avril 1961 au dernier étage de l’immeuble du 5 square Charles Dickens, Paris XVIe, devenu depuis le M. Musée du Vin.

Une plaque commémorative a été inaugurée à sa mémoire le 8 novembre 2024 en présence de son arrière-petite-fille, Carole Feltin, par Nathalie Velin, maire de Guainville, Théo de Filippis, directeur du M. Musée du Vin, Heather Johnson, la biographe anglaise, le maire du 16ème arrondissement de Paris, Jérémy Redler, Katherine de Meaux, Sandra Boëlle et Ali Oubaali ses adjoints.

Le plus incroyable est que son arrière-petite-fille a découvert son histoire par l’entremise d’une anglaise, Heather Johnson pour les besoins de la biographie de celle-ci à la suite d’un questionnement sur l’origine du port du coquelicot par les Anglo-Saxons lors des commémorations des conflits.

Anna Guérin est enterrée dans le cimetière protestant de Vallon-Pont-D’arc. Une autre plaque commémorative a été déposée sur sa maison de naissance, rue du Mas des Aires.

Astrid MARCHIAL TAULEIGNE

Galerie de photos

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