Crédits J-M. BAYLE-SIAP2022-01

L'Ardèche au Salon de l'Agriculture

L’Ardèche s’est enfin invitée au Salon de l’Agriculture. Sa place était restée vacante depuis des décennies. Son retour le 26 février au 2 mars Porte de Versailles se devait d’être à la hauteur de l’attente. Le Département n’avait donc pas lésiné sur les moyens.

Bien arrimé sur ses 80 m² au milieu de l’immense hall dédié aux produits régionaux, le stand ardéchois n’a jamais désempli. Il faut dire que son concept ratissait large. Chaque jour un évènement. Chaque jour différentes filières agricoles exposaient leurs produits. Chaque jour une démonstration culinaire était proposée. C’est ainsi qu’une véritable équipe d’une centaine de personnes a évolué sous la bannière ardéchoise.

Tout commençait par un accueil original. Le stand était peint en bleu transparent comme un ciel de printemps dont le mot Ardèche incrusté en blanc le traversait avec l’élégance d’un vol de tourterelle. Un magnifique tracteur semblait attendre. Il n’était pas une décoration, c’était une attraction. Rutilant et fier comme un taureau sélectionné pour la finale d’un concours agricole, il attirait le public pour mieux le séduire. Beaucoup de monde l'a courtisé. Essentiellement des jeunes. Tous voulaient une photo au volant du pachyderme monté sur pneus. Certains ne voulant plus en descendre quand d’autres commençaient à en fouiller le moteur. La bonne humeur était au rendez-vous.

C’est du côté des cuisines que les choses sérieuses devaient se préciser. Des démonstrations culinaires étaient programmées quotidiennement. Des chefs de restauration scolaire se partageaient les fourneaux de la cuisine mobile avec des chefs de restauration gastronomique. Leur composition respective sur ce piano éphémère fut des plus appréciées. La curiosité du public était manifeste. Il faut dire que le Département s’était donné les moyens de ses ambitions. Il n’avait pas hésité à sonner le rappel des Toqués d’Ardèche. Une force de séduction assurée. Cette association regroupe 10 chefs autour des mêmes valeurs, « manger mieux, manger sain et manger en privilégiant les circuits courts ». La valorisation de la gastronomie ardéchoise trouvait ainsi au Salon un levier exclusif pour une efficacité indéniable.

Stéphanie Dintre, la directrice de la communication du Département, tenait à préciser que le stand avait aussi pour vocation de « présenter la diversité de tous les produits ardéchois et des spécialités qu’ils génèrent en insistant sur le savoir-faire ». En écho à ses propos ce jour-là Richard Boucant présentait la qualité de son huile d’olive. Positionné derrière une rangée de bouteilles alignées comme une armée de soldats de plomb, l’apiculteur de la Bastide se lançait dans une explication joliment maîtrisée de ses produits. La compétence était indéniable. Ancien médecin, il déclinait avec précision les subtilités des différentes huiles. Il en précisait les bienfaits. Il rappelait au passage que le titre de meilleure huile d’olive biologique du monde a été décerné cette année à un Ardéchois. Eric Martin son producteur est installé sur la commune d’Orgnac, à la Magnanerie. À l’écouter, on se demandait comment on avait pu vivre jusque-là sans en consommer quotidiennement.

À ses côtés Martine Riffard, affable et souriante, était sûre de son succès. Sa sérénité était compréhensible. Devant elle, un énorme bocal contenant des truffes joufflues comme des boules de pétanque attirait le regard des visiteurs. Il lui suffisait alors d’en soulever le couvercle et les voilà se précipitant pour en respirer le parfum comme saisis par une soudaine addiction. Martine enchainait habilement en leur distillant quelques conseils pour les conserver et les cuisiner. Elle leur proposait ainsi différentes recettes toutes simples pour apprécier au mieux ce mets délicat en le mélangeant avec du Brie, des oeufs ou du beurre. Elle en précisait le coût tout à fait raisonnable, contrairement à des idées reçues. Son souhait étant de « faire découvrir l’Ardèche à travers la truffe ». Le département en produit 1 tonne par an.

Ainsi toutes les filières se sont succédé sur le stand. La filière Châtaigne qui représentait ses 1000 récoltants, celle de la « viande et volaille », de la charcuterie, des fromages avec le Goudoulet, le Saint-Félicien et bien sûr le légendaire Picodon. Difficile d’être exhaustif tant l’animation y était importante. 
Une chose est certaine, l’agriculture ardéchoise s’est révélée en phase avec le public à l’image des viticulteurs du département qui sont rentrés à la maison avec une brassée de médailles d’or. Leur cuvée 2022 du Salon de l'Agriculture restera pour eux un excellent millésime.

Et puis de l’autre côté du stand, les campings de l'Ardèche et les Gîtes de France avaient dressé leurs tentes. Le public y était là aussi nombreux et surtout particulièrement curieux. Pas sûr que tous ces visiteurs eurent été capables de situer avec précision l’Ardèche sur une carte, ni même d’en citer deux villes, en revanche chez tous la réputation du département était déjà bien intégrée. La palette très large et variée de ce public se pressant autour de Jean-Claude Fourel de l’agence de développement touristique était un gage de réussite annoncée. Familles en quête de coins tranquilles ou jeunes couples à la recherche d’activités sportives, tous sont partis avec une brassée de prospectus dans les bras et des envies de liberté plein la tête.

Impossible de tirer un bilan chiffré de ce salon 2022. On peut seulement dire que sa fréquentation fut un succès. Plus de 500 000 visiteurs. Dans un tel contexte anxiogène, avec une pandémie moyennement encline à disparaître et une guerre en Europe réellement décidée à s’installer, l’engouement du public pour leur campagne était rassurant. Et le choix de l’Ardèche un réel encouragement.

Jean-Marie Bayle

 

Galerie de photos

Crédits J-M. BAYLE-SIAP2022-02